MMA
Lumière sur…David Sipra
David Sipra : Du soldat d’élite au champion invaincu, l’histoire d’un combattant hors norme.

David Sipra : L’histoire d’un homme hors du commun, du quartier à l’élite du MMA.
J’en ai connu, dans ce milieu, des types extraordinaires. Des abîmés par la vie, des brutes épaisses au cœur d’or, des qui ont des anecdotes folles à raconter. Pourtant, si je devais citer un nom pour parler de l’histoire la plus dingue, du gars qu’on a le plus envie d’écouter et de côtoyer, ce serait probablement le sien.
Tour à tour délinquant des quartiers Nord de Marseille, militaire en Alsace, soldat d’élite dans le SAED en missions en Afrique, en Guyane ou au Liban, combattant clandestin puis professionnel invaincu, formateur CNEC et C4 (combat rapproché) pour l’armée et organisateur du gala de MMA le plus rassembleur de la région Occitanie, le WCF, « Le sergent », comme on le surnomme, mime un tire à l’arme de poing à chacune de ses victoires, mais c’est bien son sourire communicatif et son sens de la camaraderie qui sont à mes yeux ses armes les plus affûtées. Coup de projecteur sur David Sipra.

Une vie marquée par les choix difficiles et une ascension hors du commun.
« Quand on grandit dans les quartiers nord de Marseille, généralement, on a deux options : soit l’école, soit le reste. Et j’ai choisi le reste. »
D’emblée, David donne le ton de son parcours lors d’une interview publiée sur sa chaîne Youtube il y a moins d’un mois.
Né le 24 mars 1992, il vient donc de fêter ses trente-trois ans. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ces trente-trois années ont été bien remplies.
Après un début chaotique qu’il avoue regretter, c’est son engagement dans l’armée de terre, au 152ème régiment d’infanterie, le 3 août 2010 à Colmar, qui lui sera salutaire, posant le cadre de droiture et de discipline inébranlable du combattant que l’on connaît aujourd’hui, et qui arpente la montagne en courant été comme hiver.
« L’armée est beaucoup plus forte que les petites frappes, ça il faut le savoir. »
Et David, après quelques démêlées musclées avec ses supérieurs, devra « rentrer dans le rang », tellement même qu’il intégrera sur tests la Section d’Aide à l’Engagement Débarqué (SAED) comme soldat d’élite, entre agent de renseignement et garde du corps, pendant douze ans et une dizaine d’opérations à l’étranger, finissant chef d’un groupe de douze hommes.
« J’ai traversé quelques déserts sans eau, on va dire. »
Touché par un lourd syndrome post-traumatique, David perd alors pied.
« J’ai extériorisé »
confie-t-il.
Dans la violence, les combats de rue, dans une quête de violence que personne ne peut comprendre, pas même ses proches, et dont il devra se sortir seul :
« J’avais deux choix : soit sombrer, et continuer dans la débauche, soit me battre, et essayer de redevenir quelqu’un de meilleur. »

De soldat d’élite à icône du MMA, un parcours sans compromis.
Son échappatoire, il le trouve dans le MMA, chez Maxime Gasparetti, une référence en Alsace. C’est la révélation. David veut combattre, s’entraîne comme un forcené malgré les blessures, et apprend à grands pas. Rapidement, il se voit proposer un combat en Suisse, pour la ceinture inaugurale de l’Eagles FC, contre Sylvain Car de la Old School Academy.
Un combat qu’on lui présentera comme ses débuts en amateur mais qui s’avéra être un combat pro, en rounds de cinq minutes et sans protection, mais qu’il remportera par KO dès la première reprise.
À ce moment, « Le Sergent » a vingt-sept ans, et privilégie sa carrière militaire ; il avance néanmoins avec sept victoires en autant de combats au Hard Fighting Championship à Bâle et un titre de champion d’Occitanie de Pancrace avec une main cassée, entre 2020 et 2022.
En rentrant de sa dernière mission, comme garde du corps d’un général de l’armée française au Liban en 2021, il est muté comme formateur de combat au corps à corps au Centre National d’Entraînement Commando à Mont-Louis. Et en 2024, Hexagone MMA lui propose de rejoindre ses rangs ; la suite, tout le monde la connaît : deux victoires plus tard, il est toujours invaincu.
Dans les montagnes, à 1800 mètres d’altitude où il se développe un cardio « illimité » (il dit lui-même qu’il a « un V8 dans la poitrine »), David Sipra est comme un poisson dans l’eau.
Il a rapidement l’idée de créer un club, le MMA MTL, qui sera d’emblée une réussite (ses combattants sont toujours reçus avec plaisir ici au CAGE FIGHT de Boxing Center Gramont), puis, à force de fréquenter les galas de la région, celle du Warrior Commando Fight (WCF) émerge.
Un gala en altitude, qui ferait venir jusque dans ses sommets chéris des clubs de partout. Autour de lui, personne n’y croit, alors, évidemment, David persiste et signe.
…Nous étions à la troisième édition du WCF cet hiver, alors que notre combattant officiait en Main Event grâce à la confiance de David, et quel spectacle !
Dix-sept clubs, trente combats, près de mille personnes, un orchestre et un spectacle son et lumière dingue, le tout sous la baguette du Sergent, animateur hors pair au micro de SA soirée, lancée avec le geste mimé du tir au pistolet, et un sourire éclatant sur le visage.
David Sipra remontera probablement en mai dans la cage d’Hexagone Bordeaux, avant de tous nous revoir lors du WCF 4, où Boxing Center sera une fois encore fortement représenté.
Mais que l’on ne se croise qu’à cette occasion ou avant, au Cage Fight par exemple, il ne sera pas un jour sans qu’il ne soit dans la lumière du MMA français.
Car il l’apporte partout avec lui.
Trancrède CULOT-BLITEK